Riporto qui l'analisi fatta da Fontaine sull'uso del Nome fatto da Paolo in due circostanze diverse, secondo la narrazione del NT:
Hébreux 8:8 || Jérémie 31:31
μεμφόμενος γὰρ αὐτοὺς λέγει·
ἰδοὺ ἡμέραι ἔρχονται, λέγει κύριος,
καὶ συντελέσω ἐπὶ τὸν οἶκον Ἰσραὴλ
καὶ ἐπὶ τὸν οἶκον Ἰούδα διαθήκην καινήν
car, en censurant, il leur dit :
Voici, des jours viennent, dit le *Seigneur,
et je conclurai, pour la maison d’Israël
et pour la maison de Juda, une nouvelle alliance (Darby)
L’expression « dit le Seigneur » renvoie à l’expression hébraïque
נְאֻם־יְהוָ֑ה, qui perd toute sa saveur dans la LXX (φησὶν κύριος).
Pour clore notre examen du témoignage de Paul, considérons deux
épisodes impliquant ses manières d’agir, relatés tous deux au chapitre 17 des
Actes d’Apôtres. À Thessalonique, Paul prêcha trois sabbats successifs dans
une synagogue, à partir des Écritures. Il nous est dit qu’il raisonnait à partir
de celles-ci, qu’il les expliquait et les prouvait, citant textuellement des
passages s’appliquant à Jésus Christ (Actes 17:2). C’était d’ailleurs « son
habitude ». Avec un auditoire juif, Paul parlait hébreu. Étant devenu «toutes
choses pour tous» (1Co 9:20-22), il est certain que parler ou hébreu, ou grec,
en fonction des populations concernées pouvait avoir une influence décisive.
Nous en avons la confirmation lorsqu’il se rendit à Jérusalem, et s’adressa à
la population en « langue hébraïque » (Actes 21:40). Le discours en luimême
ne manque pas d’intérêt (22:1-21) :
1 Hommes frères et pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma
défense ! 2 Lorsqu’ils entendirent qu ‘il leur parlait en langue hébraïque, ils
redoublèrent de silence. Et Paul dit : 3 je suis Juif, né à Tarse en Cilicie; mais j’ai
été élevé dans cette ville -ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance [p. 125]
exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous
aujourd’hui. 4 J’ai persécuté à mort cette doctrine, liant et mettant en prison hommes
et femmes. 5 Le souverain sacrificateur et tout le collège des anciens m’en sont
témoins. J’ai même reçu d’eux des lettres pour les frères de Damas, où je me rendis
afin d’amener liés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là et de les faire punir.
6 Comme j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas, tout à coup, vers midi,
une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi. 7 Je tombai par terre, et
j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 8 Je
répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu
persécutes. 9 Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent
pas la voix de celui qui parlait. 10 Alors je dis : Que ferai-je, Seigneur ? Et le
Seigneur me dit : Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire.
11 Comme je ne voyais rien, à cause de l’éclat de cette lumière, ceux qui étaient avec
moi me prirent par la main, et j’arrivai à Damas. 12 Or, un nommé Ananias, homme
pieux selon la loi, et de qui tous les Juifs demeurant à Damas rendaient un bon
témoignage, 13 vint se présenter à moi, et me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue.
Au même instant, je recouvrai la vue et je le regardai. 14 Il dit : Le Dieu de nos
pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste, et à entendre les paroles de
sa bouche; 15 car tu lui serviras de témoin, auprès de tous les hommes, des choses
que tu as vues et entendues. 16 Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, sois baptisé,
et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur. 17 De retour à Jérusalem,
comme je priais dans le temple, je fus ravi en extase, 18 et je vis le Seigneur qui me
disait : Hâte-toi, et sors promptement de Jérusalem, parce qu’ils ne recevront pas ton
témoignage sur moi. 19 Et je dis : Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais
mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en toi,
20 et que, lorsqu’on répandit le sang d’Étienne, ton témoin, j’étais moi-même
présent, joignant mon approbation à celle des autres, et gardant les vêtements de
ceux qui le faisaient mourir. 21 Alors il me dit : Va, je t’enverrai au loin vers les
nations....
Paul s’inscrit volontairement dans la lignée du judaïsme par l’emploi
d’expression comme « la loi de nos pères », le « Dieu de nos pères » ou
« homme pieux selon la loi ». Il mentionne le célèbre rabbin Gamaliel,
respecté de tous, qui avait été son précepteur. Il rappelle sa nationalité juive,
et prend à témoin « le souverain sacrificateur », et le « collège des anciens »
(i.e. la cour du Sanhédrin), qu’il faisait jadis partie des opposants aux
chrétiens, les battant « dans les synagogues », avant que Jésus ne lui
apparaisse en vision. Les lieux sont précis : Damas, Jérusalem, les
synagogues. Paul, bien que déjà converti au christianisme, montre sa
proximité avec ses auditeurs. Il fait de plus mention d’un thème cher à son
époque : le baptême de rémission des péchés (les « disciples » de Jean-
Baptiste avaient été nombreux). Plus intéressant encore, il rappelle l’utilité
d’invoquer le « nom du Seigneur ». Quel Seigneur ? Le Seigneur qui lui
parle, c’est-à-dire Jésus ? Dans le contexte où il se trouvait, cela aurait été un
choix de prédication peu judicieux. Lui qui emploie par ailleurs si souvent
l’expression « notre Seigneur Jésus »139 présente ici Jésus comme ‘Jésus de
Nazareth’. Et s’il l’appelle ‘Seigneur’, ce n’est que de la même façon que
nous, nous appelons un étranger ‘Monsieur’. Mais « Le Seigneur » dont il
fallait invoquer le nom, c’était bien sûr le Seigneur Jéhovah, Dieu d’Israël.
Inversement, lorsqu’il fut conduit à l’Aréopage d’Athènes, sa manière
fut fort différente. Il y « devint Grec », et nous en avons une illustration
saisissante en Actes 17:22-31. Parlant à une assemblée composée entre
autres de philosophes épicuriens et stoïciens qui l’ont abordé, nous ne
doutons pas qu’il emploie cette fois-ci la langue grecque.
22 Paul, debout au milieu de l’Aréopage, dit : Hommes Athéniens, je vous trouve à
tous égards extrêmement religieux. 23 Car, en parcourant votre ville et en
considérant les objets de votre dévotion, j’ai même découvert un autel avec cette
inscription : À un dieu inconnu ! Ce que vous révérez sans le connaître, c’est ce
que je vous annonce. 24 Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, étant
le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de main
d’homme; 25 il n’est point servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin
de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. 26 Il a
fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang, habitassent sur toute la surface de la
terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure; 27 il a voulu
qu’ils cherchassent le Seigneur, et qu’ils s’efforçassent de le trouver en tâtonnant,
bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous, 28 car en lui nous avons la vie, le
mouvement, et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : De lui
nous sommes la race... 29 Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas
croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre,
sculptés par l’art et l’industrie de l’homme. 30 Dieu, sans tenir compte des temps
d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se
repentir, 31 parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par
l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le
ressuscitant des morts...
Son discours est plus imprécis, plus général. Il n’emploie plus, ou
n’évoque plus, le nom de Jéhovah, qui serait assimilé à une « divinité
étrangère » (Ac 17:18), et mettrait sa vie en danger inutilement. Au
contraire, il se sert de ce qu’il a vu : en l’occurrence, d’un autel adressé ‘À
un Dieu inconnu’ (v.23). Sous couvert de ce Dieu inconnu, il leur annonce
astucieusement la bonne nouvelle, évoquant « le Dieu qui a fait le monde »,
le « Seigneur du ciel et de la terre » ou « la divinité ». Enfin, même s’il
résume certains passages des Écritures hébraïques, il ne les cite pas. Au
contraire, il va jusqu’à citer la littérature de son auditoire ! Au verset 28, il
cite Phainomena, 5 d’Aratus140. On sent clairement que dans tout ce passage
sur la colline d’Arès, l’ombre du Nom plane. Mais le Nom n’apparaît pas.
Paul compose pour ses auditeurs, il retient sa langue pour les gagner au
message.
Nous avons évoqué ces deux situations pour montrer que Paul agissait
différemment selon son auditoire. Avec les Juifs, il raisonnait à partir des
Écritures, assurément dans leur langue. Avec les Grecs de même, il
s’appuyait sur leurs écrits profanes, dans leur langue. En conséquence, pour
ce qui concerne les Juifs, il est absolument impensable qu’il se soit retenu de
prononcer le Nom si distinctif : il avait trop d’occasions de rencontrer les
noms d’idoles étrangères141 - ce qui l’irritait profondément (Actes 17:16) -
pour ne pas accorder une place prépondérante au Nom du vrai Dieu d’Israël
que Jésus Christ avait manifesté. [p. 126]
Mi sembrano delle osservazioni del tutto condivisibili.
Simon
[Modificato da (SimonLeBon) 31/10/2021 18:30]